Famille et humanité – 3 octobre 2009

SESSION DES CONSEILLERS SPIRITUELS DES END

 

ARS-sur-FORMANS – 3 NOVEMBRE 2009

 

 

FAMILLE ET HUMANITE

 

par

 

Serge MONNIER

Professeur agrégé de philosophie

 

 

En voyant que le mot « famille » est écrit au singulier dans le titre de cette conférence, certains ont dû penser qu’une erreur de typographie s’était glissée dans la rédaction du programme de la journée. Pourtant il n’y a dans ce singulier aucune « coquille ».

            Ce singulier est bien volontaire. Ne serait-ce pas une forme de provocation ? Aujourd’hui, il est de bon ton, et conforme à la « pensée unique », de n’employer le mot « famille » qu’au pluriel. Chacun peut aisément constater qu’il n’y a plus de modèle familial communément admis dans la société : ne faut-il pas se contenter de prendre acte de cette riche diversité des formes familiales ? En 1995, dans son intervention aux Semaines Sociales de France   dont le thème était LA FAMILLE, René REMOND soulignait que désormais il convenait toujours de parler « des familles » pour tenir compte des nombreuses structures familiales existantes (familles éclatées, recomposées, monoparentales, coparentales, homoparentales…).

            Mais s’agît-il seulement d’un constat, du simple enregistrement d’un fait ? Ce pluriel ne résulterait-il pas plutôt d’une nécessité d’essence, puisque l’humanité de l’homme se caractérise par la culture, au sens où l’ethnologie emploie ce terme ?

Est dit culturel tout ce que l’homme ajoute à la nature, hors de lui et en lui ; et tout ce qui est culturel – les techniques, les institutions, les représentations ou idéologies-, est sous le signe de la diversité et du changement. Selon les peuples et selon les époques, le culturel est différent. Il suffit pour s’en rendre compte de se tourner vers le langage que certains n’hésitent pas à tenir pour l’archétype et la source du culturel. Le langage est divers et changeant parce qu’il est arbitraire. Dépourvues de justification naturelle puisqu’il n’y a pas de rapport intrinsèque entre le signifiant et le signifié, toutes les formes du langage, qu’il s’agisse de sémantique, de morphologie ou de syntaxe, peuvent changer d’une langue à l’autre et d’une époque à l’autre. Il serait donc tout à fait incongru d’établir une hiérarchie entre les langues : chacune d’elles est « parfaite », c’est-à-dire, complète, suffisante pour permettre à une communauté linguistique donnée de communiquer, de former et d’exprimer la pensée d’un individu ou celle d’une collectivité.

De la même façon, puisque la famille est un fait humain et qu’elle relève ainsi du culturel, il est tout à fait normal, dit-on, que les formes familiales soient multiples et changeantes. Et la société ou l’Etat ne doivent privilégier aucune forme de famille. Il faudrait donc toujours mettre « familles » au pluriel pour respecter le caractère arbitraire des formes culturelles et leur parfaite équivalence due à l’absence d’un fondement naturel au nom duquel pourrait s’effectuer un classement ou une hiérarchie.

 

Doit-on adopter et approuver ce pluralisme sans hiérarchie des « formes familiales » ? Ne faut-il retenir comme « noyau dur » que le lien de filiation qui unit la mère et son enfant ? Il s’agirait d’un « minimalisme familial » qui tiendrait toute notion d’alliance ou de conjugalité pour inessentielle, voire superflue, purement accidentelle et aléatoire.

 

Ne faut-il pas au contraire maintenir le singulier provocateur face à ce pluriel de convenance si complaisamment accepté aujourd’hui ? Ne doit-on pas écarter du terme « famille » l’équivoque et l’ambiguité pour mieux connaître et accomplir le devoir que fait naître le droit proclamé ?

En 1948 la Déclaration Universelle des Droits de l’homme et du citoyen proclame solennellement : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’Etat » (Article 16 § 3).

En 1989, la Convention Internationale des Droits de l’enfant de l’ONU, affirme dans son préambule : « (…) la famille, unité fondamentale de la société et milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous ses membres, et en particulier des enfants, doit recevoir la protection et l’assistance dont elle a besoin pour pouvoir jouer pleinement son rôle dans la communauté. », et elle ajoute : « (…) l’enfant pour l’épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d’amour et de compréhension ».

Ces textes qui servent de référence universelle ne parlent pas des « familles » au pluriel. Ils disent très clairement que la famille doit être protégée et recevoir assistance. La question vient de suite : quelle famille ?

Ne faut-il pas limiter l’extension du terme « famille » en augmentant sa compréhension, en fonction précisément de la « réalité humaine » de la famille ?

A quelles conditions la famille est-elle pleinement humaine, c’est-à-dire, concourt-elle à la formation de l’humanité en chaque homme dès son enfance, et donne-t-elle à chaque personne un lieu d’exercice effectif de ses capacités proprement humaines ?

 

 

            En examinant rapidement les principaux rôles joués par la famille nous verrons qu’elle est passée de la plurifonctionnalité à l’interface, comme lieu d’affirmation de la singularité et de la dignité de chaque personne humaine.

Or le bon accomplissement de cette mission essentielle nécessite que la famille repose elle-même sur ce qui est spécifiquement humain, à savoir la parole et le don qui se conjuguent parfaitement dans le mariage.

Enfin sera abordée la question de la dualité parentale : deux adultes, et de sexes différents, est-ce indispensable pour que la famille remplisse dans les meilleures conditions possibles sa tâche éducative ?

 

 

 

 

 

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             Depuis la nuit des temps nombreuses ont été les principales fonctions remplies ;par la famille, à commencer par la production des biens de consommation. D’ailleurs le terme latin familia a d’abord servi à désigner l’ensemble des domestiques et des serviteurs qui travaillent et vivent sous un même toit et sous l’autorité d’un même maître ; c’est le terme gens qui servait à désigner les conjoints, les parents et leurs enfants.

L’autre fonction, tout aussi primordiale, est au service de la survie de l’espèce : il s’agit de la reproduction, de la conception et de la mise au monde des enfants, dont il faut assurer la formation en leur donnant l’éducation et l’instruction.

La famille est aussi l’unité de consommation par excellence, aussi bien pour l’alimentation (le repas est pris en commun autour de la table familiale), que pour l’habitation (on vit et on dort sous le même toit) et pour la distraction (on se regroupe pour la veillée, les fêtes de famille…).

Enfin c’est à la famille aussi qu’il revient de prodiguer les soins aux malades et d’assurer la protection des vieillards.

Sur tous ces points de longues explications ne sont pas nécessaires : les souvenirs personnels et les lectures de chacun suffisent pour étoffer la mention de ces multiples fonctions.

 

            Mais la famille aujourd’hui n’est plus le lieu suffisant et nécessaire de l’accomplissement de ces différentes fonctions. La société globale intervient de plus en plus pour dépouiller la famille de ses missions traditionnelles.

En ce qui concerne la production, on travaille de moins en moins « en famille », sauf dans des cas qui se raréfient comme la petite exploitation agricole, le petit commerce ou l’artisanat… En règle générale chacun va travailler hors de la famille, au bureau, à l’atelier, dans l’entreprise ou dans l’administration…

La reproduction elle-même n’est plus le privilège de la famille ; l’enfant peut être conçu et naître en dehors de toute structure familiale légalement constituée, et le recours à la Procréation Médicalement Assistée (PMA) fait intervenir des organismes médicaux (hôpitaux, banques de sperme…) dont l’importance scientifique et économique déborde largement l’autonomie familiale, au point même parfois de la nier.

C’est désormais en dehors de la famille que l’enfant reçoit en grande partie l’éducation et l’instruction : depuis son plus jeune âge l’enfant est pris en charge par des puéricultrices, des assistantes maternelles, des enseignants, des éducateurs et autres animateurs du monde associatif… et chez eux il arrive qu’ils passent plus de temps devant les « étranges lucarnes » télévisuelles qu’en compagnie de leurs parents !

Cette diminution du rôle de la famille vaut aussi pour la consommation. Avec la journée continue, le repas quotidien en famille se raréfie, chacun déjeunant au plus près de son lieu de travail, et les activités associatives entraînant des horaires fort décalés, chacun pioche dans le réfrigérateur à son goût et à son heure, au grand dam des diététiciens… Les distractions sont également de moins en moins vécues en famille : chaque tranche d’âge court de son côté, les uns au centre de loisirs, les autres dans telle association sportive, sans oublier les clubs du troisième âge pour les aînés qui cohabitent de moins en moins sous le même toit que leurs enfants et leurs petits enfants.

Et ce sont aussi des organisme spécialisés, tels les hôpitaux et les maisons de retraite, qui offrent les soins aux malades et la protection quotidienne aux vieillards.

 

            Ainsi chaque individu se trouve comme écartelé par un processus d’abstraction, au sens de séparation : il est obligé d’évoluer dans une multitude de contextes et d’environnements différents, qui s’ignorent les uns les autres ; et dans chacun de ces domaines il se trouve comme enfermé dans une seule catégorie, devenant presque anonyme et interchangeable parce que, réduit dans chaque cas à un aspect de sa personnalité, il est jaugé et jugé de façon très utilitaire. C’est pourtant bien le même enfant qui va en classe dans son collège, qui joue au football dans son club, qui apprend la musique au conservatoire … Mais en raison de leur spécialisation et de leurs objectifs propres, chacun des organismes tend à ignorer ce dont il n’est pas responsable directement. Au sein du club, le jeune footballeur ne vaut que par son aptitude à bien jouer au football et à faire gagner son équipe : sa sélection n’interviendra qu’en fonction de ce critère. Il en va de même pour le cadre ou l’ouvrier dans l’entreprise, le fonctionnaire et l’administré, ou encore le patient dans un service hospitalier…

 

La principale fonction de la famille est précisément de compenser cette segmentation utilitariste de la personnalité de chacun qui constitue un grave facteur de déshumanisation. La famille est le seul lieu social où la personne humaine peut être totalisée, reconnue dans sa singularité et dans sa dignité, et mise vraiment en relation avec l’autre. La famille joue ainsi le rôle d’un interface qui assure la correspondance de systèmes d’informations préalablement isolés ou plus ou moins compatibles.

 

Les expériences quotidiennement vécues par chacun dans divers domaines d’activité doivent être rassemblées, recueillies dans une parole : il ne suffit pas de vivre et d’agir pour que la totalité d’une existence prenne sens ; il faut raconter, décrire, et ainsi s’approprier ce qui a été vécu, éprouvé, ressenti, pour le mettre en perspective, l’orienter.

Ce recueillement dans et par la parole suppose une écoute qui, par delà les informations ainsi reçues, prête attention et intérêt à la singularité irremplaçable de la personne. L’abstraction qui sépare, isole et dévitalise, est surmontée : la personne se donne à connaître comme éminemment concrète, tous les aspects de sa vie se trouvant intégrés dans une unité. Seule une écoute vraiment désintéressée peut respecter cette unicité de la personne et accorder du prix à la richesse d’une existence dont la valeur est indépendante des avantages économiques, sociaux ou hédonistes qu’elle peut apporter à son entourage.

Ce désintéressement de l’écoute et ce partage de l’univers de sens au sein duquel s’inscrit l’expérience vécue par chaque personne ne peuvent être garantis que par la stabilité de la relation qui rassemble les personnes : l’affirmation de l’appartenance indéfectible à la famille soustrait la relation des personnes aux aléas des conditions financières, aux vicissitudes des apparences physiques ou des performances intellectuelles, et même aux fluctuations toujours possibles des inclinations affectives.

 

La famille est également le lieu privilégié de la mise en relation avec l’autre, de la découverte et de la reconnaissance de l’altérité. C’est dans la famille que s’effectue et s’expérimente la mise en relation de la moitié masculine et de la moitié féminine de l’humanité, sans qu’il soit fait abstraction de cette différence comme cela est demandé dans la vie professionnelle, civique ou associative.

C’est aussi dans la famille que s’éprouvent de façon concrète et quotidienne les liens qui unissent les générations. Aujourd’hui l’on se félicite des expériences d’activités intergénérationnelles qui permettent aux personnes âgées d’une maison de retraite de rencontrer de façon plus ou moins régulière les enfants d’une crèche collective ou d’une halte-garderie. Mais ces contacts entre les anciens et les nouvelles pousses sont tout naturellement appelés par la vie de famille. Et les adolescents eux-mêmes ne manquent pas d’apprécier l’écoute et la compréhension que leurs grands-parents savent leur accorder : moins accaparés par les soucis professionnels, moins préoccupés par les résultats scolaires, les grands-parents portent sur leurs petits-enfants un regard désintéressé, accordant plus d’importance à la valeur de la personne qu’à ses performances.

 

La famille remplit donc une fonction d’intégration au sein d’un microcosme où chaque personne est tout à la fois totalisée, affirmée dans sa singularité concrète, et reconnue dans sa dignité sans qu’il soit fait abstraction de son altérité, qu’elle soit sexuelle ou liée aux différences de génération.

Pour que la famille réponde pleinement à cette attente, il faut qu’elle soit elle-même véritablement humaine : elle ne saurait se réduire à une situation de fait , objet d’un simple constat ; elle doit être l’actualisation de ce qui est proprement humain, grâce à l’intervention de la parole qui engage une liberté et à la pratique du don qui tout à la fois unit et enrichit.

 

 

 

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La parole et le don sont deux caractéristiques fondamentales de l’humanité dont la famille instaurée par le mariage constitue un mode d’actualisation particulièrement pertinent.

 

La définition classique d’ARISTOTE : « L’homme est un être vivant doué du logos », affirme le lien essentiel qui unit l’humanité et le langage. Mais le langage ne se contente pas de dire ce qui est : pour reprendre la célèbre distinction de J.L. AUSTIN, il n’est pas seulement « constatif », il est aussi « performatif ». Nous ne sommes pas condamnés à dire ce qui est ou à dire ce que nous faisons, comme lorsque je dis « il pleut » ou « je marche » ; nous pouvons accomplir des actes rien qu’en disant quelque chose. C’est ce qui arrive lorsque nous prenons un engagement ou lorsque nous promettons. Si je dis : « je viendrai demain », je ne dis pas que je promets de venir demain, comme si ma promesse était distincte de l’acte de langage par lequel je dis que je promets ; c’est simplement en disant ce que je dis que je promets ; la promesse ne fait qu’un avec l’acte de langage – ce qu’AUSTIN appelle l’ « illocutoire » – que j’effectue en disant « je viendrai demain ». L’aptitude à donner sa parole, à s’engager par une parole, est indissociable de la qualité d’être humain.

 

Pour sa part Claude LEVI-STRAUSS a souligné avec force le rôle que jouent l’échange et le don dans toute société humaine. L’unité de la société ne peut se maintenir que grâce à un triple échange : l’échange des biens, avec le troc ou le commerce, ce qui exclut l’autarcie et le repli communautariste ; l’échange des paroles qui reconnaît en tout individu une égale aptitude à produire du sens et qui se distingue de l’injonction ou de l’ordre auxquels ne répondrait qu’un comportement obéissant ; l’échange des femmes, c’est-à-dire la prohibition de l’inceste et l’exogamie comme obligation pour le père de donner sa fille en mariage au fils du voisin et réciproquement, en sorte qu’en renonçant à épouser sa sœur, le garçon gagne deux beaux-frères, à savoir le frère de son épouse et le mari de sa propre sœur.

On peut aussi en suivant le résumé qu’en a donné Lucien MALSON retenir les trois caractéristiques universelles des relations humaines selon LEVI-STRAUSS : l’exigence de règles pour se préserver de l’arbitraire ; le vœu de réciprocité pour garantir l’égalité ; enfin la pratique du don qui inclut tout à la fois l’affirmation d’une liberté et la conscience d’une précarité. En effet celui qui donne manifeste son aptitude à se détacher d’un bien auquel il n’est donc pas assujetti ; il affirme ainsi sa liberté ; mais en même temps la recherche du lien qu’il veut instaurer avec autrui grâce à ce don est l’expression d’un manque, d’une incapacité à se suffire à soi-même pour affronter les difficultés de l’existence.

 

Ce sont ces deux caractéristiques fondamentales de l’humanité, la parole et le don, qui se trouvent pleinement actualisées dans la famille dès lors que celle-ci repose sur le mariage.

En tant que don de la parole le mariage est tout à la fois un acte d’amour de la vie et une affirmation de liberté.

En effet s’il n’est peut-être pas nécessaire de se marier pour s’aimer, de même qu’il n’est pas nécessaire de se marier pour avoir des enfants, il ne suffit pas de s’aimer pour se marier ; il faut aimer la vie. Et le propre de la vie est de porter à l’existence, de faire venir au jour une réalité nouvelle, plus riche que les éléments initialement donnés. Cela ne demande rien d’autre qu’une parole, une parole donnée, c’est-à-dire un engagement ou une promesse. En se prenant pour époux, les mariés ne disent pas publiquement qu’ils s’aiment, mais qu’ils veulent s’aimer. Cette affirmation de leur volonté ne fait qu’un avec le « oui » qu’ils prononcent et qui telle une parole créatrice fait exister un NOUS. Celui-ci, comme l’Esprit selon HEGEL, n’est pas leur simple conjonction ou addition, mais constitue une réalité qui les dépasse l’un et l’autre en ouvrant un horizon de sens au sein duquel se trouvera désormais inscrit tout ce qu’ils ont à vivre, joies et peines, le meilleur et le pire. Ainsi le « oui » que chacun prononce est un tout petit mot, qui n’a l’air de rien, mais qui change tout ! Chacun des époux ne devrait plus dire « je t’aime », « tu m’aimes », mais « je nous aime », puisque c’est ce NOUS que chacun veut faire exister en se donnant et en s’oubliant tout entier : ce NOUS ne se maintiendra que par l’effort exigeant et enrichissant de chacun de ses membres qu’il enveloppe et qu’il porte.

Ce don de la parole par lequel les deux époux font exister le NOUS dans lequel ils s’unissent en déclarant publiquement qu’ils veulent s’aimer, est un acte de vraie liberté. Faire ce que l’on veut, telle est bien la définition courante de la liberté. Mais encore faut-il savoir vouloir, et ne pas confondre vouloir avec « vouloir bien », ou désirer, souhaiter, aspirer… Vouloir, c’est faire effort pour faire exister ce à quoi l’on tient : s’assigner un but et s’imposer une loi pour atteindre ce but. Et cette loi que l’on se donne à soi-même ne s’oppose pas à la liberté ; elle en est bien plutôt l’instrument puisqu’en mettant de l’unité dans la vie elle canalise les énergies pour affronter les difficultés et surmonter les obstacles. Selon la forte formule de Jean-Jacques ROUSSEAU, « l’impulsion du seul appétit est esclavage, l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ». Ainsi les époux unifient leurs vies en les unissant. Le « oui » qu’ils prononcent est plus qu’un simple consentement au sens d’une acceptation qui pourrait être résignée ; c’est une parole forte, expression claire et publique d’une volonté pleine d’énergie et de dynamisme, un engagement libre et véritable.

 

Ce don de la parole qui engage est en même temps promesse de don. Les deux conjoints se promettent mutuellement de se faire le don de la paternité et de la maternité, pour autant que cela dépende de chacun d’eux, et chacun déclare accepter ce don.

A cette réciprocité s’ajoute la transitivité du don au bénéfice de la descendance ; chaque parent donne son conjoint pour père ou pour mère aux enfants à naître.

Et c’est encore un autre don qui fait du mariage une fête de la fraternité : les conjoints donnent à leurs frères et sœurs un beau-frère et une belle sœur, et ils se donnent l’un l’autre des beaux-frères et des belle sœurs. Ainsi se tissent de proche en proche, grâce à la famille et au mariage qui l’instaure, des liens sociaux dont la claire définition et la stabilité sont indispensables pour éviter l’isolement des individus et l’atomisation de la société.

 

Il apparaît donc que la famille nucléaire, hétérosexuelle et monogamique, fondée par le mariage, est le lieu privilégié de l’actualisation de ce qui est proprement humain, à savoir l’engagement libre par le don de la parole et le don généreux promis par la parole donnée. C’est dans ce milieu de vie ainsi structuré que sont réunies de façon optimale les conditions qui permettront à chaque personne de grandir en humanité en étant reconnue dans sa dignité et son unicité irremplaçable.

 

Mais parmi ces conditions de possibilité, quelle place faut-il accorder à la dualité ? Si la dualité des parents est nécessaire, qu’advient-il de la famille monoparentale ? Et si la dualité des sexes est indispensables, quel accueil faut-il réserver à l’homoparentalité ?

 

 

 

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Le cas le plus général de « monoparentalité » est celui d’une mère qui vit seule et élève seule son ou ses enfants. Cette situation est accidentelle lorsqu’elle est due au décès du père ou à une séparation ; mais elle peut aussi être volontaire. Depuis peu il n’est pas rare de rencontrer de jeunes femmes qui ont voulu un enfant sans avoir l’intention de partager leur vie avec le père de cet enfant. Le géniteur occasionnel a ensuite disparu.

 

Il apparaît alors que la  monoparentalité voulue exclut l’engagement initial et réciproque qui fait exister un NOUS véritable, marqué du sceau de l’égalité dans la liberté, préalablement à la transmission de la vie. Ainsi l’enfant ne naît pas au sein d’un NOUS structuré et animé par une parole qui affirme une commune volonté de s’aimer. Un NOUS de substitution va alors apparaître : celui que vont former la mère et son enfant. Mais ce NOUS de substitution ne contient pas une égalité dans la liberté puisque l’enfant n’a eu ni à s’engager ni à donner librement sa parole.

Certes le don de la vie a eu lieu ; mais la réciprocité du don est imparfaite, puisque la mère n’a pas vraiment donné un fils ou une fille à celui qui lui a donné d’être mère. Et la transitivité du don est inachevée puisque le don de la vie ne s’est pas accompagné du don du père à l’enfant. Celui-ci a été voulu orphelin puisqu’il est ainsi condamné à grandir sans être accompagné et éduqué par son géniteur, et parfois même sans le connaître.

 

Un certain nombre de difficultés sont communes aux deux cas de monoparentalité que nous avons distingués ; mais aux conséquences souvent dramatiques qui depuis la nuit des temps découlent du veuvage ou de la séparation, s’ajoute dans le cas de la monoparentalité voulue l’absence de référence paternelle.

 

Il convient tout d’abord de mentionner la fréquence des difficultés matérielles liées au manque de ressources : les conditions de vie des femmes qui élèvent seules leurs enfants sont souvent très précaires ; de nombreuses statistiques le prouvent. Et lorsque l’argent ne manque pas, surgissent d’autres contraintes qui peuvent rendre l’emploi du temps ingérable et générer des revendications accrues envers les services sociaux (garde des enfants, accueil en dehors de la scolarité…). Pour ces femmes une volonté de totale indépendance dans le choix de leur maternité entraîne une grande dépendance envers les instances collectives.

 

Il est également difficile d’assumer seule les deux aspects essentiels de la fonction parentale : compréhension et affection d’une part, exigence et rigueur de l’autre. La répartition de ces rôles entre les deux parents n’exclut pas des permutations en fonction des circonstances et des besoins. Mais pour une seule personne il est difficile de gérer cette dualité. Etre exigeant n’est pas chose facile ; il faut savoir supporter la réaction négative, voire agressive, de l’enfant qui ne comprend pas d’emblée le sens de l’effort demandé. Avec le support affectif du conjoint, il est plus facile d’accepter que l’enfant « fasse la tête » parce que vous ne cédez pas à son caprice. Mais si vous êtes seule et que l’enfant que vous devez élever est en même temps votre seul support affectif au quotidien, il faut de l’héroïsme pour tenir bon et ne pas céder. Compte tenu de toutes les autres difficultés évoquées ci-dessus, cet héroïsme n’est pas monnaie courante : l’enfant finit par avoir le dernier mot.

La formation de la personnalité de l’enfant ainsi élevé par un seul parent et la structuration de son psychisme avec l’émergence d’un Sur-Moi et d’un Idéal du Moi qui canalisent les pulsions et orientent les choix, rencontrent aussi des obstacles spécifiques. Les identifications nécessaires peuvent se trouver gravement perturbées. Il est bien connu que dans le cadre du complexe d’Œdipe s’effectue une « identification primaire » avec le parent de sexe opposé. La relation du fils au père est ambivalente : le fils veut écarter le père pour prendre sa place auprès de la mère ; mais en même temps et pour la même raison il admire son père et cherche à l’imiter. Cependant le rôle de l’ « identification secondaire », s’il est moins connu, n‘en est pas pour autant moins important. C’est de cette façon que l’enfant peut s’approprier les valeurs et les idéaux qui composent la figure maternelle.

Cette « identification secondaire » suppose la perte de l’objet d’amour : pour surmonter la souffrance et se prémunir contre le retour d’une telle catastrophe, le sujet a tendance à introjecter l’objet d’amour, à s’y assimiler, pour retrouver en lui-même ce qu’il aimait chez l’être aimé. Aussi faut-il qu’intervienne une séparation, un sevrage affectif. Dans le couple parental, c’est le parent de sexe opposé à celui de l’enfant qui introduit l’interdit ; c’est en ce sens que l’on dit souvent que pour le garçon le père représente la loi qui interdit la satisfaction en barrant l’accès à la mère. L’enfant intériorise alors les valeurs attachées à sa mère, son objet d’amour perdu.

Mais si personne ne vient interrompre cette symbiose affective de la mère et de son enfant, la perte de l’objet d’amour n’aura pas lieu et l’ «identification secondaire » en sera perturbée. Ce n’est peut-être pas fatal, mais c’est malheureusement hautement probable si une personnalité extérieure, le maître d’école ou un éducateur sportif par exemple, n’introduit pas avec autorité la part d’exigence nécessaire pour interrompre la relation quasi-fusionnelle de la mère et de son enfant et provoquer ainsi l’indispensable sevrage affectif.

 

L’absence de dualité parentale ne saurait donc constituer une option familiale parmi d’autres dès lors que les droits de l’enfant – à commencer par le droit à une éducation complète – ont été clairement proclamés.

 

Mais qu’en est-il de la dualité des sexes à l’intérieur du couple parental ? Peut-on considérer l’homoparentalité comme une autre option familiale ?

 

Si l’on en croit la documentation disponible, cette fois encore les femmes sont en première ligne : il s’agit le plus souvent d’un couple de lesbiennes qui élèvent ensemble un ou plusieurs enfants. L’on rencontre différentes situations : l’enfant a pu être adopté par l’un des membres du couple ; ou bien il est l’enfant du couple hétérosexuel auquel l’une des deux femmes a appartenu ; ou encore, il a pu être conçu grâce à une PMA (Procréation médicalement assistée) avec don de sperme par un donneur anonyme ou encore dans le cadre d’une « co-parentalité », le membre d’un couple ami d’homosexuels masculins ayant donné son sperme pour la fécondation de l’une des deux femmes.

Aujourd’hui se fait de plus en plus pressante la revendication des mouvements homosexuels pour avoir la possibilité d’une adoption par deux personnes du même sexe, aussi bien masculin que féminin.

 

Peut-on alors parler d’une famille au sens où nous l’avons précédemment définie, comme lieu privilégié d’actualisation des potentialités spécifiquement humaines, à savoir la parole qui engage et le don qui enrichit ?

S’étant formé en dehors du mariage, le couple homosexuel qui accueille et élève l’enfant ne repose pas sur une promesse, don de la parole qui engage, acte de liberté vraie qui fait exister le NOUS. Cela n’est pourtant pas inenvisageable : après l’obtention du PACS qui fait abstraction du sexe des personnes formant le couple, certains revendiquent un vrai mariage pour les homosexuels.

Il demeure que cet engagement réciproque ne comporterait pas la promesse du don de la paternité et de la maternité : la femme homosexuelle qui ne porte pas l’enfant n’apporte rien à la conception et à la gestation de l’enfant.

L’égalité entre les membres du couple se trouve certes rétablie dans le cas d’une adoption ; mais alors manque la plénitude du don par rapport à l’enfant : celui-ci ne reçoit pas un père et une mère, il est nécessairement privé de l’un des deux.

 

Certains font valoir que, malgré tout, l’homoparentalité vaut mieux que la monoparentalité parce que l’éducation est assumée par deux adultes, co-éducateurs, qui s’apportent l’un à l’autre l’appui affectif indispensable, et qui fréquemment se répartissent les rôles éducatifs, l’un ou l’une représentant la figure maternelle, l’autre la figure paternelle, même si ces deux adultes du même sexe ne se répartissent pas les tâches domestiques selon le standard homme/femme.

 

L’on fait également remarquer que la présence d’un partenaire adulte diminue le risque de «fusion affective » de l’enfant avec la mère ou avec l’un des deux « homoparents », et que cela peut faciliter l’ « identification secondaire » que nous avons mentionnée.

 

Par contre l’absence d’un parent de l’un des deux sexes, et en particulier du père, peut rendre presque impossible l’ « identification primaire » au parent du même sexe. Il faut alors trouver à l’extérieur le référent parental, paternel ou maternel, qui fait défaut. Mais ce référent de substitution, extérieur au couple homoparental, ne vivra pas sa spécificité au quotidien de manière concrète avec l’autre membre du couple : les caractéristiques masculines ou féminines de ce référent demeureront abstraites, comme une sorte d’ «en soi » social masculin ou féminin pris de manière absolue et désincarnée, alors que la dimension relationnelle à l’autre sexe lui est essentielle.

 

Il est donc bien difficile d’apprécier les conséquences psychologiques de l’homoparentalité sur l’enfant dès lors que la constitution du couple n’inclut pas la promesse du don d’un vrai père ou d’une vraie mère. Les témoignages actuellement disponibles et souvent diffusés tendent à montrer qu’il n’y a pas de véritable problème, et que si problème il y a, cela vient davantage du regard social que de la situation objectivement vécue par l’enfant qu’élèvent deux parents du même sexe. Mais la quasi totalité de ces témoignages viennent de milieux favorables à l’homoparentalité et à l’adoption par des couples homosexuels.

Certains praticiens, pédiatres et psychologues, expriment des réserves et réclament la prudence. Selon eux il faudrait beaucoup plus de recul pour pouvoir valablement apprécier l’impact psychologique de l’homoparentalité sur les enfants. Certains chercheurs estiment même que trois ou quatre générations seraient nécessaires pour pouvoir se prononcer sur les effets de cette forme familiale d’un type nouveau…

Il est curieux que dans ce domaine extrêmement sensible ne soit pas mis en avant le très célèbre « principe de précaution » : refuser toute innovation aussi longtemps que son innocuité n’a pas été parfaitement vérifiée. Pourquoi cette forme très exigeante de la prudence ne s’appliquerait-elle pas aux nouvelles formes familiales ? L’éducation et la formation humaine des «petits d’homme » auraient-elles moins d’importance que la qualité des aliments ou la nature des sources d’énergie ? Pour satisfaire les demandes d’aujourd’hui, faut-il compromettre les droits de l’humanité de demain ?

 

 

 

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Au terme de cette démarche, nous voyons qu’il faut refuser l’injonction de la « pensée unique » qui aujourd’hui impose l’usage exclusif du pluriel à quiconque emploie le terme « famille » : ce pluriel de complaisance tend à banaliser l’indifférenciation entre toutes les formes familiales et leur nivellement.

Même si l’on admet que le terme « famille » n’est pas univoque, mais analogue, c’est-à-dire qu’il peut prendre plusieurs significations plus ou moins voisines, il convient de ne pas mettre toutes ces significations – c’est-à-dire ici toutes les formes familiales – sur le même plan : il y a un premier « analogué », c’est-à-dire une forme familiale qui contient en elle de plein droit la signification originelle et « principielle » de ce que doit être une famille, et c’est par rapport à ce premier « analogué » que les autres formes familiales se définissent en raison d’un certain manque, d’une insuffisance, d’une moindre complétude.

Nous avons voulu montrer qu’il y a bien un sens du terme « famille » qui mérite d’être tenu pour premier d’un point de vue logique et anthropologique : la famille fondée sur le mariage entre deux personnes de sexes différents est la seule structure qui permette aux personnes qui la composent d’actualiser ces potentialités proprement humaines que sont la parole qui engage et le don réciproque. C’est au sein de la famille ainsi entendue que l’enfant peut être accueilli dans un environnement pleinement humain où chaque personne, adulte ou enfant, est reconnue librement dans sa singularité et dans sa dignité.

D’inspiration personnaliste, le principe de « subsidiarité » est souvent invoqué pour souligner la nécessité de ne pas substituer le collectif au particulier, l’administratif à l’initiative libre et responsable de chaque personne humaine : pour chaque être humain la famille est le champ d’action privilégié où il peut engager librement sa responsabilité pour réaliser le « grand œuvre » de la parole et du don, le NOUS qu’il lui appartient d’aimer et de vouloir ardemment, et patiemment.

 

Pourquoi cette pensée est-elle de moins en moins partagée aujourd’hui ? Pourquoi ne parvient-elle pas à faire « l’accord des esprits » ? Plutôt qu’une preuve de faiblesse, ne serait-ce pas plutôt une marque d’éminence ?

Certes le discours qui vient d’être exposé ne relève pas des procédures de validation habituellement en vigueur dans le domaine scientifique, sinon nous disposerions d’une « discursivité » rationnellement contraignante : quiconque aurait compris le sens et l’enchaînement des propositions énoncées ne pourrait que souscrire à la conclusion. Ce n’est manifestement pas le cas.

Alors tout ce qui peut être dit à propos de la famille relève-t-il de la pure subjectivité ? Faut-il y voir le lieu privilégié du relativisme de Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose » ? Chacun donnerait au terme famille la signification qui lui convient, en fonction de ses expériences, de ses dispositions, de sa sensibilité…. Soustrait à la juridiction du concept et à l’impérialisme du vrai, le choix entre les formes de famille relèverait de l’agréable : chacun ferait ce qui lui plaît, et la législation n’aurait plus qu’à courir après le flux indéfini des nouveautés et des débordements, pour ajuster tant bien que mal le droit au fait, l’action sociale s’ingéniant pour sa part à jouer le rôle de soigneur et de brancardier auprès des victimes d’un tel relativisme familial .

Il vaut mieux s’inspirer de ce que nous dit KANT à propos du jugement de goût qui se prononce sur le beau. Le beau échappe à la juridiction du concept, sinon, confrontant les données empiriques à l’ énumération préalable des conditions nécessaires et suffisantes du beau, l’on pourrait « démontrer par a + b » la beauté d’ un objet, de tel paysage, de telle peinture, de tel poème… Or il n’en est rien : le jugement n’a aucun droit à l’adhésion nécessaire d’autrui ; on ne peut donc pas en « disputer ». Et pourtant, il est permis d’en « discuter » ; c’est-à-dire que l’on ne se résigne pas à s’enfermer dans sa sensibilité subjective, mais que l’on garde l’espoir de s’accorder. C’est en ce sens que le jugement de goût, portant sur le beau, contient en lui une prétention à la validité universelle. Les arguments énoncés n’exerceront aucune contrainte rationnelle et n’autoriseront aucune stigmatisation de l’interlocuteur rétif ; mais ils tendront à orienter le regard d’autrui pour lui permettre de discerner et de voir par lui-même ce qui sans cela lui aurait peut-être échappé. Telle l’éducation véritable selon PLATON, le discours ne sert pas alors à réfuter ou à corroborer une thèse, mais à conduire jusqu’au partage d’une même expérience, tout à la fois intellectuelle et morale, qui donne envie de vouloir, c’est-à-dire de faire effort, pour réaliser ce qui est plus beau et plus grand que l’individu, ce en quoi celui-ci tout à la fois s’accomplit et se libère.

Telle doit être la tâche essentielle de l’éducation : par l’exemple et par la parole, conduire les jeunes générations à reconnaître ce qu’est une vraie famille, pour l’aimer et la vouloir. Il ne s’agit ni de dressage ni de « formatage » des esprits. Cette voie ne supprime pas le libre arbitre, mais donne accès à une authentique liberté comme actualisation des potentialités humaines les plus fondamentales.

Pour illustrer ce propos optimiste mais exigeant, terminons par une image. Terre de moyenne montagne, la Haute-Loire culmine au sommet du Mont Mézenc, d’où par temps clair, en se tournant vers l’Est, il est possible d’apercevoir la chaîne des Alpes et de voir le Mont Blanc lui-même. Gagner la confiance d’un enfant et encourager ses efforts pour gravir le sentier sinueux et rocailleux qui conduit en ce point de la Haute-Loire, ce n’est ni un conditionnement ni un dressage ; c’est lui donner la possibilité réelle de découvrir et de voir par lui-même ce splendide paysage, ce majestueux sommet. Vaudrait-il mieux le laisser au pied du Mézenc, errant de collines en monticules au gré de sa fantaisie et de ses déceptions, dans l’ignorance de la grandeur et de la beauté ?

La Convention Internationale des Droits de l’enfant que nous avons citée au début de cet exposé stipule que « l’enfant pour l’épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d’amour et de compréhension ».

Il a donc aussi droit à une éducation qui lui fasse découvrir et aimer la grandeur et la beauté d’une vraie famille, « unité fondamentale de la société et milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous ses membres ».

 

 

 

Serge MONNIER